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Pris chez catcent
A Gertwiller, dans le Bas-Rhin, cet établissement rend un hommage aux artisans pain-épiciers. Au XIXc , la ville comptait près de dix fabriques. Les deux qui subsistent perpétuent la tradition…
Dans ce village situé au pied du mont Sainte-Odile, entre Barr et Obernai, fabriquer du pain d’épice est une tradition séculaire. La renommée du pain d’épice de Gertwiller s’est rapidement développée, à tel point que vers 1900 cette commune de 800 âmes comptait huit ou neuf fabricants… La première mention d’un “Lebküchler” (pain d’épicier) dans le village est Andréas Schmidt, né en 1727. Ses parents étaient eux-mêmes fabricants et aubergistes à Mittelbergheim, à 3 km de là.
Fabriqué par les cloîtres et les abbayes
Du début du XIXe à la moitié du XXe, on rencontrait un stand de pain d’épice de Gertwiller lors des fêtes de village de presque chaque localité d’Alsace. La tradition vouait
que les amoureux en offrent un en forme de cœur à leur bien-aimée, ce qui permettait aux plus timides de déclarer leur flamme tout en amadouant le palais de leur dulcinée. Les conscrits vendaient
des pains d’épice de forme ovale aux riverains lors de leur tournée festive dans les villages. Les enfants collectionnaient pour leur part les images dont ils étaient parés et les jeunes filles
s’en servaient pour décorer leurs cahiers de poésie…
Dans l’Antiquité, on cuisait déjà un biscuit au miel et à la farine similaire. C’est au moment des croisades que l’on ramena les épices d’Orient. Du XIe au XVIe, cette douceur n’était fabriquée que dans les cloîtres et les abbayes. C’est seulement à partir du XVIe qu’apparurent les artisans pain-épiciers. Devenus très nombreux en Alsace, ils constituèrent une corporation.
Fruit de plus de quarante ans de passion
Subsistent aujourd’hui à Gertwiller deux fabriques, dont la maison Lips, créée après la Révolution, dans les bâtiments d’une cour dimière vendus comme bien nationaux. Cédée lors de la Seconde
Guerre mondiale, elle fut rachetée en 1950 par M. Lips, qui changea l’enseigne à son nom. L’entreprise Lips regroupe le Musée du pain d’épice et de l’art populaire alsacien, un atelier de
fabrication artisanale ainsi qu’un magasin de vente. Cette maison propose des produits de qualité élaborés à base de farine, sucre, miel, anis vert et étoilé, cannelle, clous de girofle,
gingembre et muscade, amandes, noisettes, oranges ou citrons confits…
Cette petite structure familiale est gérée par Michel Habsiger depuis 1977, M. Lips ayant dû se séparer de son entreprise pour raisons de santé – il resta toutefois huit mois sur place pour transmettre à son successeur ses trucs et secrets… Ayant appris le métier chez son père lui-même apprenti chez Lips en 1945, M. Habsiger a mis en place ce musée, fruit de plus de quarante ans de passion – il collectionne depuis l’âge de 15 ans !
Moules à kouglof et pièce alsacienne reconstituée
Sous l’impressionnante charpente d’une ancienne grange dimière du
XVIIIe sont réunies plus de 10 000 pièces qui retracent l’histoire du pain d’épice et autres douceurs d’autrefois, bref tout ce qui touche au pain d’épice, à la biscuiterie ou à
la chocolaterie. Une visite au pays de la gourmandise !
Elles nous content l’histoire de cette douceur importée de la ville allemande de Nuremberg en 1789. Sont disposés par thèmes une incroyable collection de moules en terre vernissée pour la cuisson des kouglofs – dont plusieurs du XVIe siècle –, des moules à chocolat que l’on utilisait pour Pâques, la Saint-Nicolas et Noël, d’anciennes images que l’on collait sur le pain d’épice ou des ustensiles servant à sa préparation, tel un pétrin en bois du XIXe et son ancêtre, le banc de malaxage, également en bois.
La partie « art populaire alsacien » du musée présente toutes sortes d’objets du quotidien de la vie rurale en Alsace : agricoles – outils de vigneron, d’apiculteur, de sabotier, de charpentier… –, religieux ou familiaux. Nous sont ainsi montrés une « stube » – pièce principale de la maison alsacienne – tout en bois de la fin du XVIIe, des poteries, des souhaits de baptême de 1765 à 1800, du mobilier que l’on offrait jadis aux jeunes mariés…
Exposer ces collections est pour la maison Lips une façon de préserver les traditions de fabrication ancestrales du pain d’épice de Gertwiller. La création du musée lui permet de continuer de travailler selon les bonnes vieilles méthodes artisanales, évitant l’industrialisation afin de nous proposer la saveur du pain d’épice d’autrefois, un produit sain et naturel !